Youssoun’dour a écrit « 7 seconds » histoire de sauver le monde, Brugge a mis six minutes pour couler un navire dont on sentait le chavirement plus que proche.
Qu’elles furent longues, ces six minutes, assez longues pour déjà comprendre qu’on allait déguster, et pas qu’un peu.
Mais le malaise rouche ne date pas d’hier. Je ne vais même pas tenter d’additionner les minutes, Einstein lui-même y aurait renoncé. Puisque notre cher président prend le temps de lire, de temps en temps, les complaintes des supporters de notre club adoré, je prends à mon tour ma plume maladroite teintée d’un amateurisme déconcertant, pour tenter d’obtenir ses lumières car, personnellement, j’avoue ne plus me déplacer qu’à tâtons en terre liégeoise.
Monsieur le président, j’avoue ne pas avoir lu votre biographie mais si mes souvenirs sont bons, vous êtes, tout comme moi, supporter du Standard depuis votre plus tendre enfance. Comme moi, vous avez connu notre stade sans boutique, époque où les échoppes à écharpes et tee-shirts en tous genres fleurissaient autour du stade, où les odeurs de nourriture se mêlaient à celles de quelques boissons mousseuses et où deux ou trois clubs se disputaient le titre chaque saison.
Ce temps bénit où venir à Sclessin faisait peur à nos adversaires tant la ferveur y était accablante pour les autres. Ce temps où l’on respectait les supporters et où une majorité de joueurs n’étaient pas encore des mercenaires en manque d’oseille et de grosses cylindrées en tous genre, celui où l’on parlait sport avant de parler pognon.
Mais voilà : je n’ai plus six ans mais quarante de plus et, bien évidemment, parfaitement conscient que tout a changé. Et dire qu’on appelle ça « le foot moderne ». Après tout, modernité rime avec profits et intérêts.
Bien entendu, comme vous, j’ai connu les années de disette, de vaches maigres. Mais une chose restait : l’espoir d’un renouveau. Car, même si moins glorieux, même moins flamboyant au niveau des noms, ça mouillait le maillot et le peu de supporters encore présents sentait cela et pardonnait nos mauvais classements, nos matchs ratés, nos déceptions.
Aujourd’hui, certains attendent les joueurs à la sortie, d’autres forcent les tourniquets à l’entrée de la T1 pour venir s’expliquer avec le président, cassent et insultent. Ça, ce n’est pas malin et je ne cautionnerai jamais. Mais il paraît que ça aussi, c’est le foot « moderne ».
Et puis, y’a les benêts comme moi, ceux qui chaque saison depuis, disons, 2013 (dernière belle saison), disent qu’ils ne reprendront plus leur abo, que ça suffit de se farcir 230 bornes pour voir (trop souvent) un triste spectacle proposé. Et chaque saison, bardaf, on replonge car on est addict de notre club et on se persuade que ça ne peut qu’aller mieux. Pourtant, on replonge dans le plus grand désespoir et, ce, très rapidement. On va même jusqu’à se relancer dans l’écriture, oups pardon, dans une énième tentative d’aligner quelques mots alors que là aussi, on s’était promis de ne plus recommencer.
Mais que se passe-t-il, président ? Comment expliquer ce manque criant de tout ? Pourquoi tous ces « sans » talents partis ailleurs y brillent ? Pourquoi vendre, à l’image d’un Legear, des joueurs qui avaient la mentalité ? Pourquoi cette multitude de changements de coach quand votre discours prône la stabilité ? Pourquoi la valse des directeurs « sportifs ou techniques » ? Pourquoi une académie aussi inutile qu’un guide culinaire pour ma belle-mère (quoiqu’à l’académie, y’a du talent) ? J’avoue, et visiblement, je ne suis pas seul, ne plus rien y comprendre. Et, le plus triste, à avoir de plus en plus de mal à m’identifier à mon club. Alors qu’elle est là, l’essence du Standard : ses supporters !
Êtes-vous la bonne personne à la tête de notre club ? Ça, ce n’est certainement pas à moi d’en juger. Mais je vous pense assez passionné et lucide pour faire votre propre autocritique. Croyez-moi, cela n’est pas impossible, j’ai moi-même fini par comprendre que je n’aurai jamais le Pulitzer !
Alors, si tout comme moi, vous préférez les odeurs d’antan à celles du soufre, les « allez ! » aux « bougez vos c…. ! », un stade qui vibre à un qui se vide, alors oui, monsieur le président, avec tout le respect que j’ai pour vous, va falloir se les bouger et pas que les vôtres….
Michavan pour Zone Rouche
Comment ne pas être d’accord avec ce texte ? Jamais un sentiment aussi perdu n’a habité notre club, même dans les pires moments, même après l’affaire…
Mais en même temps, ce texte est visiblement déprimé, sans la moindre once d’espoir visible, comme résigné… Et ça, ce n’est absolument pas l’esprit Standard. Esprit Standard qui a visiblement disparu, d’abord dans les tribunes où le célèbre meilleur public de Belgique est devenu un des pires, n’hésitant pas à huer ses propres joueurs, arrêter des matches, s’en prendre aux pauvres malheureux qui osent prendre les rênes d’un navire qui navigue à vue. Esprit Standard que l’on ne retrouve pas sur le terrain, certains joueurs étant déjà prêts à vivre une saison d’enfer après seulement 5 matches joués. Esprit Standard que nous ne percevons même plus du côté de la direction qui travaille peut être ardemment mais qui ne le laisse pas transparaître…
Mais notre club est plus que cela, c’est une histoire, une volonté, un caractère. Notre club va se sortir de ce mauvais pas, soyons en persuadés. Mais il est vrai que pour ce faire, il nous faudra être solidaires, à tous les niveaux et malgré les débâcles successives, toujours se remettre au travail pour vaincre les épreuves que la vie nous placera encore sur le chemin. Des liégeois, quoi…
Tout à fait d’accord avec vous.
Bien dit Michivan, très bien même