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9 juin 2018 à 10 h 56 min #3557rakamParticipant
« Le titre de premier club wallon ne m’intéresse pas, je veux être le premier club belge »
Sport/Foot Magazine,
Mer. 06 jui. 2018, Page 130L’arrivée de Michel Preud’homme, le départ de Ricardo Sa Pinto, le nouvel organigramme, les
futurs transferts, le président du Standard se met à table et se confie. Entretien.
Notre précédente longue interview avec Bruno Venanzi remonte au 14 avril 2017. Le Standard s’apprête alors à jouer contre l’Union Saint-Gilloise en play-offs 2 et à licencier deux jours plus tard Aleksandar Jankovic. En un peu plus d’un an, le Standard a remporté une Coupe de Belgique, s’est qualifié pour les préliminaires de la Ligue des Champions et vient d’officialiser l’arrivée de l’icône, Michel Preud’homme. Autant dire que l’ambiance est très différente dans les locaux
de Sclessin. Tout semble désormais réussir au patron du club principautaire alors qu’il y a quelques mois, il était le symbole d’un Standard en totale perdition. Même une mouche venue interrompre la conversation est attrapée à la volée par un président dont les ambitions sont de plus en plus grandes. Rencontre.
Vous êtes passé par toutes les émotions cette saison pour finir par une fin quasi parfaite. Comment résumeriez-vous cette saison 2017-2018 ?
BRUNO VENANZI : Le meilleur résumé, c’est ce chevauchement
d’émotions à Ostende, on est passés des larmes aux rires, de trépas à la vie (il rit). Les résultats sont la partie visible de l’iceberg. Tu peux penser que t’es dans le bon, tu construis petit à petit, mais en football, tu ne vois pas toujours les résultats qui suivent. En début de saison, on était persuadé d’avoir un bon noyau. L’an dernier aussi d’ailleurs, davantage d’un point de vue footballistique qu’humain. Cette fois, on a essayé de constituer une équipe plus équilibrée, plus harmonieuse, et on a très vite vu une solidarité entre les différents membres du noyau, grâce aussi à ceux qui ne jouaient pas. À Noël, par exemple, on a organisé un repas avec les joueurs et on pouvait voir que l’ambiance était fantastique, il y avait une réelle solidarité alors qu’à cette période, les faits de match ne tournaient pas en notre faveur.
On vous a souvent vu nerveux en tribune, très émotif.
VENANZI : J’extériorise mes sentiments, ça me permet d’évacuer le stress. Je partage ma joie comme je partage mes peines.
« Je suis président et supporter »On vous présente
souvent comme un président supporter. Ça vous ennuie ?
VENANZI : Non, je suis président et supporter. Et je l’assume volontiers.
On vous reproche parfois de prendre des décisions liées à votre passé de supporter.
VENANZI : Peut-être la première année, mais là non. J’ai voulu ramener des joueurs qui comprennent ce que le Standard représente pour les supporters. Quand tu ne prends que des mercenaires qui ont beau être de bons joueurs, il n’y a pas ce lien. Ce type de joueur qui embrasse le blason, tout le monde sait que c’est de la foutaise.
Mais quand Junior, Polo ou Poco embrassent ce même blason, ça a une vraie signification. Et si on a réussi à sortir de l’ornière cette saison, c’est grâce à des joueurs comme Régi (Goreux, ndlr) malgré son faible temps de jeu, Jean-François (Gillet, ndlr), Poco, Polo, qui ont tiré le groupe vers le haut. À la mi-temps du match à Ostende, qui a crié pour redonner un coup de fouet ? Je le sais, c’est Junior qui a poussé une gueulante, puis c’est Jean-François, puis Poco qui ont pris la parole. Et c’est Mehdi qui a dit à l’assistant de Ricardo : Je ne sais pas qui tu sors mais là je monte.
Si ces joueurs, Junior, Mehdi, Polo s’étaient retrouvés en play-offs 2, ils auraient pleuré. Moi aussi d’ailleurs (il rit).
Vous étiez apparemment furieux de ne pas voir Carcela commencer ce match.
VENANZI : Bien sûr. Olivier m’avait appelé le jour du match pour m’annoncer que Mehdi ne débuterait pas. Je lui ai dit : On reste calmes. Il savait bien ce que ça voulait dire chez moi… Mais c’est sûr qu’à la mi-temps, j’étais perdu. Comment expliquer une telle situation avec de tels joueurs sur le terrain ? T’es dans le déni. Entre membres de la direction, on ne se parlait plus à la mi-temps, on était hagards.
Vous faisiez aussi pas mal de lobbying auprès du sélectionneur du Maroc, Hervé Renard, en lui commentant la saison de Carcela.
VENANZI : C’est correct. Ça fait aussi partie de mon métier de président d’entretenir des relations avec des sélectionneurs. Mais je ne pense pas que Hervé Renard ait été influencé par ce lobbying. Il a choisi Mehdi parce qu’on était en play-offs 1, et qu’il y a brillé. Sans cela, il n’irait pas en Russie, je peux vous l’assurer.
« Le club est au-dessus de son propriétaire »L’arrivée de Michel Preud’homme était dans l’air mais n’a été annoncée qu’après le dernier match du championnat. Cette arrivée de marque est-elle de nature à chambouler votre politique sportive ? Vous ne risquez pas de revenir à la « période Van Buyten » en rajoutant un décideur ?
VENANZI : Non, ça reste très clair. Il n’y a rien de très différent par rapport au mode de fonctionnement de cette saison. Ricardo aussi a essayé de faire venir des joueurs à lui qu’on a refusés
car je ne voulais pas travailler de cette manière-là.
Sauf que Preud’homme a un rôle plus important, en tant que vice-président, que celui occupé par Ricardo Sa Pinto.
VENANZI : Bien sûr. La grande différence, c’est que Michel est au courant des finances du club, à l’inverse de Ricardo. Mais si Olivier (Renard, ndlr) déconseille de suivre un nom que Michel a avancé, on ne va pas le prendre.
Olivier Renard a-t-il été déclassé en devenant directeur du recrutement ?
VENANZI : Non, au contraire,
puisqu’il devient administrateur et membre du comité exécutif, ce qui n’est quand même pas rien ! Ce que je souhaitais, c’était d’établir un processus de décision qui n’est pas celui d’un président plénipotentiaire. Mais bien que tout le monde au sein du comité exécutif soit responsabilisé sur un transfert par exemple. Ce n’est plus l’unique décision de Bruno Venanzi car si je viens à faire un accident de voiture, le club doit continuer à tourner. Le club est au-dessus de son propriétaire ! Voilà pourquoi on a mis en place ce comité exécutif, où les différents membres sont au courant de tout : ce n’est pas Olivier, Michel ou moi-même qui négocions seul avec un agent. Je veux arriver à une gestion de société qui ne ressemble pas à celle d’un club de football mais bien à celle d’un société classique et saine.
Pourquoi ce titre de vice-président pour Preud’homme ? A-t-il désormais des parts dans le club ?
VENANZI : Non. Même si je veux mettre en place, pas uniquement pour les membres du comité exécutif mais pour tout le personnel, un plan de stock options. Et il est en cours, il y a un auditeur qui travaille là-dessus.
Ça permettra d’impliquer le personnel dans la gestion de la société. Non pas uniquement au niveau des résultats car tout le monde n’est pas responsable des résultats dans un club de foot. Quand je demande à la comptabilité de négocier quelques centimes sur les rames de papier et que le club vient de signer une commission de 150.000 euros à un agent qui vient de passer deux coups de fil pour un transfert, ces personnes de la comptabilité ne se sentent pas impliquées à tous les niveaux. Par contre, en devenant actionnaire via un plan de stock options, je pense
que ça responsabilise, et ça donne envie à ceux qui le souhaitent de s’investir totalement et de prendre des responsabilités. Et de réfléchir au bien de la société. Et c’est ce qu’on met en place. Mais il fallait pour ça que les résultats financiers soient meilleurs.
« J’ai senti un grand amour de Preud’homme pour le Standard »À quand remontent les premiers contacts avec Preud’homme ?
VENANZI : Au moins de septembre 2017 suite à une partie de golf. On se connaissait, mais peu. Il était
venu voir Standard – Chievo Vérone en été 2016 par exemple, mais on n’avait pas eu le temps de vraiment échanger. Ce n’est que quand je me suis rendu à Bordeaux qu’on a véritablement échangé nos points de vue sur le foot, et sur plein de choses ; j’ai vu que ça matchait entre nous. À ce moment-là, je n’envisageais pas son arrivée dans le club car il m’avait clairement dit qu’il voulait aller au bout de son année sabbatique.
À partir de quand vous êtes-vous dit que sa venue était réalisable ?
VENANZI : À partir de novembre, j’ai senti qu’il avait à nouveau faim de foot. Je pense, et je m’en suis rendu compte, que personne n’arrive à vraiment quitter le foot, c’est terrible. Tout le monde fait tout pour y rester. Il y a un côté addictif, ça devient une drogue. J’ai senti cette envie chez lui et son grand amour du Standard, ça je l’ai senti dès notre première rencontre. Cette fibre était incroyable. Je sais que quand le Standard a battu Bruges (2-0) en décembre 2016, et que les supporters se sont mis à chanter « Allez Michel chante avec nous », il était très touché par ça, ça le blessait. Je sentais aussi que s’il reprenait du service, ce
ne serait pas du court terme, ça il n’en avait plus envie. Il m’a dit directement : Le projet Standard m’intéresse pour autant que ça soit avec toi et sur du long terme mais il y a deux projets où je laisse la porte ouverte, c’est Bordeaux et l’équipe nationale. Même si je pense, et c’est mon point de vue, que la fédération aurait dû l’attirer en équipe nationale, il y a dix-huit mois.
À quel moment avez-vous l’intime conviction que Preud’homme deviendra votre futur coach ?
VENANZI : Il n’y avait rien de définitif sur papier, mais vu que je suis
un éternel optimiste, j’y croyais dès le mois de novembre.
Quand le contrat est-il signé ?
VENANZI : C’est vraiment évolutif car Michel m’a toujours dit, même quand on était arrivés à un accord : Je te laisse une porte ouverte. Si tu choisis de garder Ricardo, on déchire notre accord. Et c’est vrai que je discutais avec Ricardo.
Pourquoi garder cette porte ouverte alors que dans votre esprit, Preud’homme allait lui succéder ?
VENANZI : Tant que ce n’est pas signé officiellement, c’est une mesure de prudence, de
bonne gestion. Et d’autre part, si Ricardo a été particulier, qu’il n’a pas toujours été le plus facile à gérer, quand tu regardes les résultats, il n’y avait rien à dire et puis il était automatiquement prolongé car il avait qualifié l’équipe pour les play-offs 1. Mais il estimait qu’il méritait un meilleur contrat que celui qu’il avait jusque-là, qui était déjà très intéressant, j’ai donc négocié. Dans mon esprit, pour le moyen et le long terme, Michel Preud’homme est le meilleur choix que je puisse faire. Ricardo s’est avéré être le meilleur choix pour le court terme car il a su fédérer autour de lui. Retour
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« Le titre de premier club wallon ne m’intéresse pas, je veux être le premier club belge »
Sport/Foot Magazine,
Mer. 06 jui. 2018, Page 130L’arrivée de Michel Preud’homme, le départ de Ricardo Sa Pinto, le nouvel organigramme, les
futurs transferts, le président du Standard se met à table et se confie. Entretien.
Notre précédente longue interview avec Bruno Venanzi remonte au 14 avril 2017. Le Standard s’apprête alors à jouer contre l’Union Saint-Gilloise en play-offs 2 et à licencier deux jours plus tard Aleksandar Jankovic. En un peu plus d’un an, le Standard a remporté une Coupe de Belgique, s’est qualifié pour les préliminaires de la Ligue des Champions et vient d’officialiser l’arrivée de l’icône, Michel Preud’homme. Autant dire que l’ambiance est très différente dans les locaux
de Sclessin. Tout semble désormais réussir au patron du club principautaire alors qu’il y a quelques mois, il était le symbole d’un Standard en totale perdition. Même une mouche venue interrompre la conversation est attrapée à la volée par un président dont les ambitions sont de plus en plus grandes. Rencontre.
Vous êtes passé par toutes les émotions cette saison pour finir par une fin quasi parfaite. Comment résumeriez-vous cette saison 2017-2018 ?
BRUNO VENANZI : Le meilleur résumé, c’est ce chevauchement
d’émotions à Ostende, on est passés des larmes aux rires, de trépas à la vie (il rit). Les résultats sont la partie visible de l’iceberg. Tu peux penser que t’es dans le bon, tu construis petit à petit, mais en football, tu ne vois pas toujours les résultats qui suivent. En début de saison, on était persuadé d’avoir un bon noyau. L’an dernier aussi d’ailleurs, davantage d’un point de vue footballistique qu’humain. Cette fois, on a essayé de constituer une équipe plus équilibrée, plus harmonieuse, et on a très vite vu une solidarité entre les différents membres du noyau, grâce aussi à ceux
qui ne jouaient pas. À Noël, par exemple, on a organisé un repas avec les joueurs et on pouvait voir que l’ambiance était fantastique, il y avait une réelle solidarité alors qu’à cette période, les faits de match ne tournaient pas en notre faveur.
On vous a souvent vu nerveux en tribune, très émotif.
VENANZI : J’extériorise mes sentiments, ça me permet d’évacuer le stress. Je partage ma joie comme je partage mes peines.
« Je suis président et supporter »On vous présente
souvent comme un président supporter. Ça vous ennuie ?
VENANZI : Non, je suis président et supporter. Et je l’assume volontiers.
On vous reproche parfois de prendre des décisions liées à votre passé de supporter.
VENANZI : Peut-être la première année, mais là non. J’ai voulu ramener des joueurs qui comprennent ce que le Standard représente pour les supporters. Quand tu ne prends que des mercenaires qui ont beau être de bons joueurs, il n’y a pas ce lien. Ce type de joueur qui embrasse le blason, tout le monde sait que c’est de la foutaise.
Mais quand Junior, Polo ou Poco embrassent ce même blason, ça a une vraie signification. Et si on a réussi à sortir de l’ornière cette saison, c’est grâce à des joueurs comme Régi (Goreux, ndlr) malgré son faible temps de jeu, Jean-François (Gillet, ndlr), Poco, Polo, qui ont tiré le groupe vers le haut. À la mi-temps du match à Ostende, qui a crié pour redonner un coup de fouet ? Je le sais, c’est Junior qui a poussé une gueulante, puis c’est Jean-François, puis Poco qui ont pris la parole. Et c’est Mehdi qui a dit à l’assistant de Ricardo : Je ne sais pas qui tu sors mais là je monte.
Si ces joueurs, Junior, Mehdi, Polo s’étaient retrouvés en play-offs 2, ils auraient pleuré. Moi aussi d’ailleurs (il rit).
Vous étiez apparemment furieux de ne pas voir Carcela commencer ce match.
VENANZI : Bien sûr. Olivier m’avait appelé le jour du match pour m’annoncer que Mehdi ne débuterait pas. Je lui ai dit : On reste calmes. Il savait bien ce que ça voulait dire chez moi… Mais c’est sûr qu’à la mi-temps, j’étais perdu. Comment expliquer une telle situation avec de tels joueurs sur le terrain ? T’es dans le déni. Entre membres de la direction, on ne se parlait
plus à la mi-temps, on était hagards.
Vous faisiez aussi pas mal de lobbying auprès du sélectionneur du Maroc, Hervé Renard, en lui commentant la saison de Carcela.
VENANZI : C’est correct. Ça fait aussi partie de mon métier de président d’entretenir des relations avec des sélectionneurs. Mais je ne pense pas que Hervé Renard ait été influencé par ce lobbying. Il a choisi Mehdi parce qu’on était en play-offs 1, et qu’il y a brillé. Sans cela, il n’irait pas en Russie, je peux vous l’assurer.
« Le club est au-dessus de son propriétaire »L’arrivée de Michel Preud’homme était dans l’air mais n’a été annoncée qu’après le dernier match du championnat. Cette arrivée de marque est-elle de nature à chambouler votre politique sportive ? Vous ne risquez pas de revenir à la « période Van Buyten » en rajoutant un décideur ?
VENANZI : Non, ça reste très clair. Il n’y a rien de très différent par rapport au mode de fonctionnement de cette saison. Ricardo aussi a essayé de faire venir des joueurs à lui qu’on a refusés
car je ne voulais pas travailler de cette manière-là.
Sauf que Preud’homme a un rôle plus important, en tant que vice-président, que celui occupé par Ricardo Sa Pinto.
VENANZI : Bien sûr. La grande différence, c’est que Michel est au courant des finances du club, à l’inverse de Ricardo. Mais si Olivier (Renard, ndlr) déconseille de suivre un nom que Michel a avancé, on ne va pas le prendre.
Olivier Renard a-t-il été déclassé en devenant directeur du recrutement ?
VENANZI : Non, au contraire,
puisqu’il devient administrateur et membre du comité exécutif, ce qui n’est quand même pas rien ! Ce que je souhaitais, c’était d’établir un processus de décision qui n’est pas celui d’un président plénipotentiaire. Mais bien que tout le monde au sein du comité exécutif soit responsabilisé sur un transfert par exemple. Ce n’est plus l’unique décision de Bruno Venanzi car si je viens à faire un accident de voiture, le club doit continuer à tourner. Le club est au-dessus de son propriétaire ! Voilà pourquoi on a mis en place ce comité exécutif, où les différents membres sont au courant de tout : ce n’est pas
Olivier, Michel ou moi-même qui négocions seul avec un agent. Je veux arriver à une gestion de société qui ne ressemble pas à celle d’un club de football mais bien à celle d’un société classique et saine.
Pourquoi ce titre de vice-président pour Preud’homme ? A-t-il désormais des parts dans le club ?
VENANZI : Non. Même si je veux mettre en place, pas uniquement pour les membres du comité exécutif mais pour tout le personnel, un plan de stock options. Et il est en cours, il y a un auditeur qui travaille là-dessus.
Ça permettra d’impliquer le personnel dans la gestion de la société. Non pas uniquement au niveau des résultats car tout le monde n’est pas responsable des résultats dans un club de foot. Quand je demande à la comptabilité de négocier quelques centimes sur les rames de papier et que le club vient de signer une commission de 150.000 euros à un agent qui vient de passer deux coups de fil pour un transfert, ces personnes de la comptabilité ne se sentent pas impliquées à tous les niveaux. Par contre, en devenant actionnaire via un plan de stock options, je pense
que ça responsabilise, et ça donne envie à ceux qui le souhaitent de s’investir totalement et de prendre des responsabilités. Et de réfléchir au bien de la société. Et c’est ce qu’on met en place. Mais il fallait pour ça que les résultats financiers soient meilleurs.
« J’ai senti un grand amour de Preud’homme pour le Standard »À quand remontent les premiers contacts avec Preud’homme ?
VENANZI : Au moins de septembre 2017 suite à une partie de golf. On se connaissait, mais peu. Il était
venu voir Standard – Chievo Vérone en été 2016 par exemple, mais on n’avait pas eu le temps de vraiment échanger. Ce n’est que quand je me suis rendu à Bordeaux qu’on a véritablement échangé nos points de vue sur le foot, et sur plein de choses ; j’ai vu que ça matchait entre nous. À ce moment-là, je n’envisageais pas son arrivée dans le club car il m’avait clairement dit qu’il voulait aller au bout de son année sabbatique.
À partir de quand vous êtes-vous dit que sa venue était réalisable ?
VENANZI : À partir de novembre, j’ai senti qu’il
avait à nouveau faim de foot. Je pense, et je m’en suis rendu compte, que personne n’arrive à vraiment quitter le foot, c’est terrible. Tout le monde fait tout pour y rester. Il y a un côté addictif, ça devient une drogue. J’ai senti cette envie chez lui et son grand amour du Standard, ça je l’ai senti dès notre première rencontre. Cette fibre était incroyable. Je sais que quand le Standard a battu Bruges (2-0) en décembre 2016, et que les supporters se sont mis à chanter « Allez Michel chante avec nous », il était très touché par ça, ça le blessait. Je sentais aussi que s’il reprenait du service, ce
ne serait pas du court terme, ça il n’en avait plus envie. Il m’a dit directement : Le projet Standard m’intéresse pour autant que ça soit avec toi et sur du long terme mais il y a deux projets où je laisse la porte ouverte, c’est Bordeaux et l’équipe nationale. Même si je pense, et c’est mon point de vue, que la fédération aurait dû l’attirer en équipe nationale, il y a dix-huit mois.
À quel moment avez-vous l’intime conviction que Preud’homme deviendra votre futur coach ?
VENANZI : Il n’y avait rien de définitif sur papier, mais vu que je suis
un éternel optimiste, j’y croyais dès le mois de novembre.
Quand le contrat est-il signé ?
VENANZI : C’est vraiment évolutif car Michel m’a toujours dit, même quand on était arrivés à un accord : Je te laisse une porte ouverte. Si tu choisis de garder Ricardo, on déchire notre accord. Et c’est vrai que je discutais avec Ricardo.
Pourquoi garder cette porte ouverte alors que dans votre esprit, Preud’homme allait lui succéder ?
VENANZI : Tant que ce n’est pas signé officiellement, c’est une mesure de prudence, de
bonne gestion. Et d’autre part, si Ricardo a été particulier, qu’il n’a pas toujours été le plus facile à gérer, quand tu regardes les résultats, il n’y avait rien à dire et puis il était automatiquement prolongé car il avait qualifié l’équipe pour les play-offs 1. Mais il estimait qu’il méritait un meilleur contrat que celui qu’il avait jusque-là, qui était déjà très intéressant, j’ai donc négocié. Dans mon esprit, pour le moyen et le long terme, Michel Preud’homme est le meilleur choix que je puisse faire. Ricardo s’est avéré être le meilleur choix pour le court terme car il a su fédérer autour de lui.
« Il n’y avait plus qu’Olivier Renard et moi pour soutenir Sa Pinto »Son début de parcours comme coach du Standard fut marqué par d’impressionnantes sautes d’humeur. Vous avez pensé le licencier ?
VENANZI : Je me suis dit que j’allais devoir prendre une décision. Raison pour laquelle, en octobre, j’ai rencontré Vanderhaeghe, et d’autres. Mais finalement, on a décidé de le garder. Et il pourra dire ce qu’il veut, à un moment donné, il n’y avait plus qu’Olivier et moi pour le soutenir dans le club.
Sauf quand il a pété un câble à Anderlecht, fin novembre.
VENANZI : Des attitudes comme celles-là, je ne peux pas les accepter. J’aime quand un coach donne de la grinta, mais il doit respecter les arbitres. Je peux aussi critiquer une décision de l’arbitre, mais dix minutes après, c’est fini. Si parfois les arbitres ne sont pas bons, nos joueurs aussi parfois ne sont pas bons, on doit donc respecter le travail de chacun. Certains vont vous dire, comme Bart Verhaeghe, que mettre la pression sur l’arbitre, ça peut avoir une incidence sur le match suivant, moi je ne fonctionne pas comme ça.
Vous évoquiez un besoin de stabilité l’an dernier. Le fait de changer à nouveau de coach, ça ne suit pas cette logique.
VENANZI : On a remplacé un coach instable par un coach qui n’a jamais été licencié dans tous les clubs par lesquels il est passé. Prenons le cas de Weiler, les dirigeants d’Anderlecht hésitaient à le garder et l’ont finalement licencié trois mois après. C’est pour éviter ce genre de décision a posteriori qu’on a décidé de se séparer de Ricardo. La stabilité est davantage dans le noyau des joueurs et dans le comité exécutif qu’on a mis en place.
Quels sont les grands travaux de Preud’homme ?
VENANZI : Si je l’ai nommé vice-présient, c’est parce qu’il a envie de professionnaliser ce club. Et il y a encore du travail.
À quels niveaux ?
VENANZI : À tous les niveaux. Je veux la meilleure pelouse, je veux le meilleur stade – on est d’ailleurs dans la ligne du temps qu’on s’est fixée, j’espère que les travaux débuteront fin 2019 -, la meilleure académie. D’un point de vue physique cette saison, on était trop courts. Si vous regardez les stats des courses, on était en queue de peloton. Les tests de VMA, de masses grasses, n’étaient pas parfaits. C’est une chose sur laquelle on travaille déjà avec Michel et Renaat Philippaerts, le nouveau préparateur physique.
Alexandre Grosjean est, lui, passé de COO à directeur général.
VENANZI : En définitive, il occupait déjà cette fonction. Qu’il soit CEO, COO, ça ne change rien. Ça permet de voir plus clair dans l’organigramme du club. Ça montre que l’on forme une équipe. Être administrateur, par exemple, ce n’est pas qu’honorifique, c’est une vraie responsabilité,
une manière de les impliquer encore davantage dans la gestion du club sur le long terme. Et c’est vrai que c’est un geste fort.
« Il y a eu une grosse prise de risque au niveau financier »Où en sont les finances ?
VENANZI : On a investi beaucoup dans les transferts ces derniers temps : Cop, Cimirot, Carlinhos, Ochoa (qui était libre mais qui avait une belle prime de signature), Agbo. Au total, on a investi plus de dix millions, sans quasiment rien vendre. Les chiffres n’étaient
donc pas exceptionnels l’an dernier. En 2018, ça va beaucoup mieux grâce notamment à la vente d’Orlando Sá, le pourcentage sur la vente de Jonathan Viera, le départ définitif de Belfodil.
Il y avait donc une prise de risque en début de saison ?
VENANZI : Une très grosse prise de risque quand tu fais de lourds investissements. J’ai quand même remis dix millions d’euros dans le club pour effectuer une augmentation de capital. Il ne fallait pas se planter. Aujourd’hui, on est en équilibre. Et je ne vais pas remettre dix millions
d’euros chaque année. Notre budget maximum pour un transfert tourne autour de trois millions d’euros. Même si on n’est pas définitivement fermés. Mais je ne vais pas faire un transfert de dix millions comme Stanciu même si on devait aller en Ligue des Champions. Ça n’entre pas dans notre politique.
Aujourd’hui, vous semblez vous tourner vers de jeunes joueurs comme Samuel Bastien ou Zakaria Bakkali.
VENANZI : Des joueurs belges qui sont passés par le club, qui ont connu le club, ça correspond à notre philosophie. Quand tu es passé par une certaine école, tu connais la mentalité du club, ce que les supporters attendent.
Vous avez le sentiment d’avoir retrouvé cette mentalité Standard ?
VENANZI : Oui. Et ça fait chaud au cœur. Lors du match face à Bruges ou Anderlecht en play-offs, on a vraiment retrouvé la grosse ambiance d’il y a quelques années. Gérard Darmon, qui était venu donner le coup d’envoi face aux Mauves, m’avait dit : C’est quoi ce truc ? C’est toujours comme ça ? Je lui ai répondu en blaguant : Non, aujourd’hui, c’est calme. (Il rit).
Vous êtes passé aussi par de sérieux coups de blues ces dernières années, non ?
VENANZI : Je suis un optimiste de nature. Parfois tu te dis : C’est pas possible, on ne peut pas se tromper autant. Mais j’ai toujours senti que le club évoluait. Quand je suis arrivé dans ce club en tant que vice-président, tout le monde voulait partir, l’ambiance était morose.
Quand Mehdi Bayat se targuait pendant une bonne partie de la saison d’être le meilleur club de Wallonie, ça vous titillait ?
VENANZI : Non, ça ne me faisait ni chaud ni froid. Être
le premier club wallon, ça ne m’intéresse pas, c’est être le premier club belge qui m’intéresse. Et nous avons encore beaucoup de travail pour y arriver. L’an prochain, je ne veux plus connaître la même saison où l’on se qualifie pour les play-offs 1 lors de la deuxième mi-temps de la dernière journée de la phase classique.
Qu’est-ce qu’il vous manque ?
VENANZI : Il faut renforcer le noyau car on va jouer à minima huit rencontres en Europe de très haut niveau. Et on a manqué de régularité cette saison. Mais on part avec une meilleure base que les autres années.
« Michel Preud’homme adore Junior Edmilson »Vous avez levé l’option de Mehdi Carcela, qu’en est-il du futur de l’autre homme-clef des play-offs, Junior Edmilson ?
VENANZI : Tout le monde au club veut qu’il reste y compris Michel. Michel adore Junior !
Vous seriez prêt à le garder une saison supplémentaire quitte à le voir partir gratuitement en juin prochain ?
VENANZI : Garder quelqu’un comme Junior peut peut-être te permettre de gagner le titre et d’accéder directementRetour
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Sport/Foot Magazine,
Mer. 06 jui. 2018, Page 130L’arrivée de Michel Preud’homme, le départ de Ricardo Sa Pinto, le nouvel organigramme, les
futurs transferts, le président du Standard se met à table et se confie. Entretien.
Notre précédente longue interview avec Bruno Venanzi remonte au 14 avril 2017. Le Standard s’apprête alors à jouer contre l’Union Saint-Gilloise en play-offs 2 et à licencier deux jours plus tard Aleksandar Jankovic. En un peu plus d’un an, le Standard a remporté une Coupe de Belgique, s’est qualifié pour les préliminaires de la Ligue des Champions et vient d’officialiser l’arrivée de l’icône, Michel Preud’homme. Autant dire que l’ambiance est très différente dans les locaux
de Sclessin. Tout semble désormais réussir au patron du club principautaire alors qu’il y a quelques mois, il était le symbole d’un Standard en totale perdition. Même une mouche venue interrompre la conversation est attrapée à la volée par un président dont les ambitions sont de plus en plus grandes. Rencontre.
Vous êtes passé par toutes les émotions cette saison pour finir par une fin quasi parfaite. Comment résumeriez-vous cette saison 2017-2018 ?
BRUNO VENANZI : Le meilleur résumé, c’est ce chevauchement
d’émotions à Ostende, on est passés des larmes aux rires, de trépas à la vie (il rit). Les résultats sont la partie visible de l’iceberg. Tu peux penser que t’es dans le bon, tu construis petit à petit, mais en football, tu ne vois pas toujours les résultats qui suivent. En début de saison, on était persuadé d’avoir un bon noyau. L’an dernier aussi d’ailleurs, davantage d’un point de vue footballistique qu’humain. Cette fois, on a essayé de constituer une équipe plus équilibrée, plus harmonieuse, et on a très vite vu une solidarité entre les différents membres du noyau, grâce aussi à ceux
qui ne jouaient pas. À Noël, par exemple, on a organisé un repas avec les joueurs et on pouvait voir que l’ambiance était fantastique, il y avait une réelle solidarité alors qu’à cette période, les faits de match ne tournaient pas en notre faveur.
On vous a souvent vu nerveux en tribune, très émotif.
VENANZI : J’extériorise mes sentiments, ça me permet d’évacuer le stress. Je partage ma joie comme je partage mes peines.
« Je suis président et supporter »On vous présente
souvent comme un président supporter. Ça vous ennuie ?
VENANZI : Non, je suis président et supporter. Et je l’assume volontiers.
On vous reproche parfois de prendre des décisions liées à votre passé de supporter.
VENANZI : Peut-être la première année, mais là non. J’ai voulu ramener des joueurs qui comprennent ce que le Standard représente pour les supporters. Quand tu ne prends que des mercenaires qui ont beau être de bons joueurs, il n’y a pas ce lien. Ce type de joueur qui embrasse le blason, tout le monde sait que c’est de la foutaise.
Mais quand Junior, Polo ou Poco embrassent ce même blason, ça a une vraie signification. Et si on a réussi à sortir de l’ornière cette saison, c’est grâce à des joueurs comme Régi (Goreux, ndlr) malgré son faible temps de jeu, Jean-François (Gillet, ndlr), Poco, Polo, qui ont tiré le groupe vers le haut. À la mi-temps du match à Ostende, qui a crié pour redonner un coup de fouet ? Je le sais, c’est Junior qui a poussé une gueulante, puis c’est Jean-François, puis Poco qui ont pris la parole. Et c’est Mehdi qui a dit à l’assistant de Ricardo : Je ne sais pas qui tu sors mais là je monte.
Si ces joueurs, Junior, Mehdi, Polo s’étaient retrouvés en play-offs 2, ils auraient pleuré. Moi aussi d’ailleurs (il rit).
Vous étiez apparemment furieux de ne pas voir Carcela commencer ce match.
VENANZI : Bien sûr. Olivier m’avait appelé le jour du match pour m’annoncer que Mehdi ne débuterait pas. Je lui ai dit : On reste calmes. Il savait bien ce que ça voulait dire chez moi… Mais c’est sûr qu’à la mi-temps, j’étais perdu. Comment expliquer une telle situation avec de tels joueurs sur le terrain ? T’es dans le déni. Entre membres de la direction, on ne se parlait
plus à la mi-temps, on était hagards.
Vous faisiez aussi pas mal de lobbying auprès du sélectionneur du Maroc, Hervé Renard, en lui commentant la saison de Carcela.
VENANZI : C’est correct. Ça fait aussi partie de mon métier de président d’entretenir des relations avec des sélectionneurs. Mais je ne pense pas que Hervé Renard ait été influencé par ce lobbying. Il a choisi Mehdi parce qu’on était en play-offs 1, et qu’il y a brillé. Sans cela, il n’irait pas en Russie, je peux vous l’assurer.
« Le club est au-dessus de son propriétaire »L’arrivée de Michel Preud’homme était dans l’air mais n’a été annoncée qu’après le dernier match du championnat. Cette arrivée de marque est-elle de nature à chambouler votre politique sportive ? Vous ne risquez pas de revenir à la « période Van Buyten » en rajoutant un décideur ?
VENANZI : Non, ça reste très clair. Il n’y a rien de très différent par rapport au mode de fonctionnement de cette saison. Ricardo aussi a essayé de faire venir des joueurs à lui qu’on a refusés
car je ne voulais pas travailler de cette manière-là.
Sauf que Preud’homme a un rôle plus important, en tant que vice-président, que celui occupé par Ricardo Sa Pinto.
VENANZI : Bien sûr. La grande différence, c’est que Michel est au courant des finances du club, à l’inverse de Ricardo. Mais si Olivier (Renard, ndlr) déconseille de suivre un nom que Michel a avancé, on ne va pas le prendre.
Olivier Renard a-t-il été déclassé en devenant directeur du recrutement ?
VENANZI : Non, au contraire,
puisqu’il devient administrateur et membre du comité exécutif, ce qui n’est quand même pas rien ! Ce que je souhaitais, c’était d’établir un processus de décision qui n’est pas celui d’un président plénipotentiaire. Mais bien que tout le monde au sein du comité exécutif soit responsabilisé sur un transfert par exemple. Ce n’est plus l’unique décision de Bruno Venanzi car si je viens à faire un accident de voiture, le club doit continuer à tourner. Le club est au-dessus de son propriétaire ! Voilà pourquoi on a mis en place ce comité exécutif, où les différents membres sont au courant de tout : ce n’est pas
Olivier, Michel ou moi-même qui négocions seul avec un agent. Je veux arriver à une gestion de société qui ne ressemble pas à celle d’un club de football mais bien à celle d’un société classique et saine.
Pourquoi ce titre de vice-président pour Preud’homme ? A-t-il désormais des parts dans le club ?
VENANZI : Non. Même si je veux mettre en place, pas uniquement pour les membres du comité exécutif mais pour tout le personnel, un plan de stock options. Et il est en cours, il y a un auditeur qui travaille là-dessus.
Ça permettra d’impliquer le personnel dans la gestion de la société. Non pas uniquement au niveau des résultats car tout le monde n’est pas responsable des résultats dans un club de foot. Quand je demande à la comptabilité de négocier quelques centimes sur les rames de papier et que le club vient de signer une commission de 150.000 euros à un agent qui vient de passer deux coups de fil pour un transfert, ces personnes de la comptabilité ne se sentent pas impliquées à tous les niveaux. Par contre, en devenant actionnaire via un plan de stock options, je pense
que ça responsabilise, et ça donne envie à ceux qui le souhaitent de s’investir totalement et de prendre des responsabilités. Et de réfléchir au bien de la société. Et c’est ce qu’on met en place. Mais il fallait pour ça que les résultats financiers soient meilleurs.
« J’ai senti un grand amour de Preud’homme pour le Standard »À quand remontent les premiers contacts avec Preud’homme ?
VENANZI : Au moins de septembre 2017 suite à une partie de golf. On se connaissait, mais peu. Il était
venu voir Standard – Chievo Vérone en été 2016 par exemple, mais on n’avait pas eu le temps de vraiment échanger. Ce n’est que quand je me suis rendu à Bordeaux qu’on a véritablement échangé nos points de vue sur le foot, et sur plein de choses ; j’ai vu que ça matchait entre nous. À ce moment-là, je n’envisageais pas son arrivée dans le club car il m’avait clairement dit qu’il voulait aller au bout de son année sabbatique.
À partir de quand vous êtes-vous dit que sa venue était réalisable ?
VENANZI : À partir de novembre, j’ai senti qu’il
avait à nouveau faim de foot. Je pense, et je m’en suis rendu compte, que personne n’arrive à vraiment quitter le foot, c’est terrible. Tout le monde fait tout pour y rester. Il y a un côté addictif, ça devient une drogue. J’ai senti cette envie chez lui et son grand amour du Standard, ça je l’ai senti dès notre première rencontre. Cette fibre était incroyable. Je sais que quand le Standard a battu Bruges (2-0) en décembre 2016, et que les supporters se sont mis à chanter « Allez Michel chante avec nous », il était très touché par ça, ça le blessait. Je sentais aussi que s’il reprenait du service, ce
ne serait pas du court terme, ça il n’en avait plus envie. Il m’a dit directement : Le projet Standard m’intéresse pour autant que ça soit avec toi et sur du long terme mais il y a deux projets où je laisse la porte ouverte, c’est Bordeaux et l’équipe nationale. Même si je pense, et c’est mon point de vue, que la fédération aurait dû l’attirer en équipe nationale, il y a dix-huit mois.
À quel moment avez-vous l’intime conviction que Preud’homme deviendra votre futur coach ?
VENANZI : Il n’y avait rien de définitif sur papier, mais vu que je suis
un éternel optimiste, j’y croyais dès le mois de novembre.
Quand le contrat est-il signé ?
VENANZI : C’est vraiment évolutif car Michel m’a toujours dit, même quand on était arrivés à un accord : Je te laisse une porte ouverte. Si tu choisis de garder Ricardo, on déchire notre accord. Et c’est vrai que je discutais avec Ricardo.
Pourquoi garder cette porte ouverte alors que dans votre esprit, Preud’homme allait lui succéder ?
VENANZI : Tant que ce n’est pas signé officiellement, c’est une mesure de prudence, de
bonne gestion. Et d’autre part, si Ricardo a été particulier, qu’il n’a pas toujours été le plus facile à gérer, quand tu regardes les résultats, il n’y avait rien à dire et puis il était automatiquement prolongé car il avait qualifié l’équipe pour les play-offs 1. Mais il estimait qu’il méritait un meilleur contrat que celui qu’il avait jusque-là, qui était déjà très intéressant, j’ai donc négocié. Dans mon esprit, pour le moyen et le long terme, Michel Preud’homme est le meilleur choix que je puisse faire. Ricardo s’est avéré être le meilleur choix pour le court terme car il a su fédérer autour de lui.
« Il n’y avait plus qu’Olivier Renard et moi pour soutenir Sa Pinto »Son début de parcours comme coach du Standard fut marqué par d’impressionnantes sautes d’humeur. Vous avez pensé le licencier ?
VENANZI : Je me suis dit que j’allais devoir prendre une décision. Raison pour laquelle, en octobre, j’ai rencontré Vanderhaeghe, et d’autres. Mais finalement, on a décidé de le garder. Et il pourra dire ce qu’il veut, à un moment donné, il n’y avait plus qu’Olivier et moi pour le soutenir dans le club.
Sauf quand il a pété un câble à Anderlecht, fin novembre.
VENANZI : Des attitudes comme celles-là, je ne peux pas les accepter. J’aime quand un coach donne de la grinta, mais il doit respecter les arbitres. Je peux aussi critiquer une décision de l’arbitre, mais dix minutes après, c’est fini. Si parfois les arbitres ne sont pas bons, nos joueurs aussi parfois ne sont pas bons, on doit donc respecter le travail de chacun. Certains vont vous dire, comme Bart Verhaeghe, que mettre la pression sur l’arbitre, ça peut avoir une incidence sur le match suivant, moi je ne fonctionne pas comme ça.
Vous évoquiez un besoin de stabilité l’an dernier. Le fait de changer à nouveau de coach, ça ne suit pas cette logique.
VENANZI : On a remplacé un coach instable par un coach qui n’a jamais été licencié dans tous les clubs par lesquels il est passé. Prenons le cas de Weiler, les dirigeants d’Anderlecht hésitaient à le garder et l’ont finalement licencié trois mois après. C’est pour éviter ce genre de décision a posteriori qu’on a décidé de se séparer de Ricardo. La stabilité est davantage dans le noyau des joueurs et dans le comité exécutif qu’on a mis en place.
Quels sont les grands travaux de Preud’homme ?
VENANZI : Si je l’ai nommé vice-présient, c’est parce qu’il a envie de professionnaliser ce club. Et il y a encore du travail.
À quels niveaux ?
VENANZI : À tous les niveaux. Je veux la meilleure pelouse, je veux le meilleur stade – on est d’ailleurs dans la ligne du temps qu’on s’est fixée, j’espère que les travaux débuteront fin 2019 -, la meilleure académie. D’un point de vue physique cette saison, on était trop courts. Si vous regardez les stats des courses, on était en queue
de peloton. Les tests de VMA, de masses grasses, n’étaient pas parfaits. C’est une chose sur laquelle on travaille déjà avec Michel et Renaat Philippaerts, le nouveau préparateur physique.
Alexandre Grosjean est, lui, passé de COO à directeur général.
VENANZI : En définitive, il occupait déjà cette fonction. Qu’il soit CEO, COO, ça ne change rien. Ça permet de voir plus clair dans l’organigramme du club. Ça montre que l’on forme une équipe. Être administrateur, par exemple, ce n’est pas qu’honorifique, c’est une vraie responsabilité,
une manière de les impliquer encore davantage dans la gestion du club sur le long terme. Et c’est vrai que c’est un geste fort.
« Il y a eu une grosse prise de risque au niveau financier »Où en sont les finances ?
VENANZI : On a investi beaucoup dans les transferts ces derniers temps : Cop, Cimirot, Carlinhos, Ochoa (qui était libre mais qui avait une belle prime de signature), Agbo. Au total, on a investi plus de dix millions, sans quasiment rien vendre. Les chiffres n’étaient
donc pas exceptionnels l’an dernier. En 2018, ça va beaucoup mieux grâce notamment à la vente d’Orlando Sá, le pourcentage sur la vente de Jonathan Viera, le départ définitif de Belfodil.
Il y avait donc une prise de risque en début de saison ?
VENANZI : Une très grosse prise de risque quand tu fais de lourds investissements. J’ai quand même remis dix millions d’euros dans le club pour effectuer une augmentation de capital. Il ne fallait pas se planter. Aujourd’hui, on est en équilibre. Et je ne vais pas remettre dix millions
d’euros chaque année. Notre budget maximum pour un transfert tourne autour de trois millions d’euros. Même si on n’est pas définitivement fermés. Mais je ne vais pas faire un transfert de dix millions comme Stanciu même si on devait aller en Ligue des Champions. Ça n’entre pas dans notre politique.
Aujourd’hui, vous semblez vous tourner vers de jeunes joueurs comme Samuel Bastien ou Zakaria Bakkali.
VENANZI : Des joueurs belges qui sont passés par le club, qui ont connu le club, ça correspond à notre philosophie.
Quand tu es passé par une certaine école, tu connais la mentalité du club, ce que les supporters attendent.
Vous avez le sentiment d’avoir retrouvé cette mentalité Standard ?
VENANZI : Oui. Et ça fait chaud au cœur. Lors du match face à Bruges ou Anderlecht en play-offs, on a vraiment retrouvé la grosse ambiance d’il y a quelques années. Gérard Darmon, qui était venu donner le coup d’envoi face aux Mauves, m’avait dit : C’est quoi ce truc ? C’est toujours comme ça ? Je lui ai répondu en blaguant : Non, aujourd’hui, c’est calme. (Il rit).
Vous êtes passé aussi par de sérieux coups de blues ces dernières années, non ?
VENANZI : Je suis un optimiste de nature. Parfois tu te dis : C’est pas possible, on ne peut pas se tromper autant. Mais j’ai toujours senti que le club évoluait. Quand je suis arrivé dans ce club en tant que vice-président, tout le monde voulait partir, l’ambiance était morose.
Quand Mehdi Bayat se targuait pendant une bonne partie de la saison d’être le meilleur club de Wallonie, ça vous titillait ?
VENANZI : Non, ça ne me faisait ni chaud ni froid. Être
le premier club wallon, ça ne m’intéresse pas, c’est être le premier club belge qui m’intéresse. Et nous avons encore beaucoup de travail pour y arriver. L’an prochain, je ne veux plus connaître la même saison où l’on se qualifie pour les play-offs 1 lors de la deuxième mi-temps de la dernière journée de la phase classique.
Qu’est-ce qu’il vous manque ?
VENANZI : Il faut renforcer le noyau car on va jouer à minima huit rencontres en Europe de très haut niveau. Et on a manqué de régularité cette saison. Mais on part avec une meilleure base que les autres années.
« Michel Preud’homme adore Junior Edmilson »Vous avez levé l’option de Mehdi Carcela, qu’en est-il du futur de l’autre homme-clef des play-offs, Junior Edmilson ?
VENANZI : Tout le monde au club veut qu’il reste y compris Michel. Michel adore Junior !
Vous seriez prêt à le garder une saison supplémentaire quitte à le voir partir gratuitement en juin prochain ?
VENANZI : Garder quelqu’un comme Junior peut peut-être te permettre de gagner le titre et d’accéder directement
en Ligue des Champions. Il ne faut pas toujours regarder uniquement l’argent de la vente mais aussi la plus-value sportive que le joueur peut vous apporter. On ne va en tout cas pas perdre 3-4 joueurs cadres cet été.
Est-ce que vous avez le sentiment que le Standard est à nouveau respecté ?
VENANZI : Oui je crois. Les équipes qui se déplaçaient à Sclessin, en play-offs1, je sentais qu’elles avaient peur. Et ce sentiment, je ne l’avais plus connu depuis 5-6 ans.
Par contre, vous n’avez pas été nommé au comité exécutif de l’Union Belge…
: Je pense que mon tour viendra. Mais je fais un peu peur malgré tout, je ne suis pas quelqu’un de conformiste. Je dis ce que je pense, et je ne défends pas uniquement l’intérêt du club ou du G5 mais l’intérêt du foot dans son ensemble.
10 juin 2018 à 8 h 21 min #3561LudoParticipantmerci pour l’article. Est-il possible de le remettre en page pour éviter les doublons ? Merci,
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