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    Divama
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    Jean-Michel De Waele (sociologue) et Manuel Dupuis (psychologue) évoquent le comportement cordial des supporters mauves à l’encontre de leur équipe.

    C’est une anomalie qui pose question même si, au fond, elle est de nature positive. Anderlecht n’a pas encore gagné la moindre rencontre de championnat en cinq tentatives et trône à la quatorzième place avec deux points. En temps normal, les supporters bruxellois auraient déjà manifesté leur courroux à plusieurs reprises à l’encontre des joueurs et surtout de l’entraîneur dont l’avenir serait en suspens, si ce n’est déjà scellé. En ce mois d’août, c’est à l’exact contraire que l’on assiste, avec des supporters mauves toujours soudés derrière leur équipe et qui continuent à l’encourager indéfectiblement. « C’est étonnant parce qu’habituellement, dans le football et plus particulièrement à Anderlecht, on est impatient et on veut des résultats tout de suite », pointe Manuel Dupuis, psychologue du sport. Cette attitude à contre-courant de l’histoire connaît évidemment un moment fondateur : le 19 mai 2019, date correspondant à l’annonce du retour de Vincent Kompany dans son club formateur. « Il y a un effet Kompany », soutient Jean-Michel De Waele, sociologue du sport à l’ULB. « Et il est manifeste. »

    Lors de chaque sortie du défenseur, les supporters sont aux anges et témoignent leur amour à celui qui a été formé au Sporting. Mais comment expliquer que cet homme réussisse pour le moment à convaincre les partisans du RSCA que son plan et sa vision porteront leurs fruits et que le succès sera au bout du chemin ? « Mon hypothèse principale, c’est une identification des supporters à Vincent Kompany », indique Dupuis. « C’est un enfant du club, qui a progressé, joué dans des grands clubs européens et en équipe nationale. Cette identification résiste actuellement aux résultats. »

    « Ce soutien des supporters peut durer »

    Elle est tellement forte que les supporters ne remettent pas en cause sa double casquette et surtout sa totale inexpérience en tant que coach ou manager. « Il y a un ancrage qui se fait chez les supporters », précise Dupuis. « Quand on pense à Kompany, on pense aux bons résultats, au palmarès, aux valeurs du sport comme le respect et la combativité. Il y a une association qui se fait dans le cerveau entre le nom de Kompany et la réussite. Il a également une crédibilité parce qu’il est un grand joueur et qu’il a déjà montré des qualités de leader. » Jean-Michel De Waele va encore un pas plus loin : « Grâce à sa carrière en club et chez les Diables rouges, Kompany a été déifié. Quand il arrive comme manager, il a une aura, les supporters y croient et on occulte ses possibles faiblesses. C’est une croyance mystique. Presque religieuse, parce que Kompany a tout pour lui. Pour l’instant, on ne peut pas le critiquer. Il n’est pas le seul dans ce cas : on peut parler de Gerrard à Liverpool ou de Totti à la Roma. »

    Et pour que cela tienne même en cas de forte tempête, Vincent Kompany et Anderlecht n’ont jamais hésité à utiliser la communication pour renforcer leur position et leur vision, et surtout créer une forte unité autour du projet avec les supporters. « Grâce à l’identification, il y a un discours commun autour du club », note Manuel Dupuis. « Un dialogue avait déjà été construit la saison dernière entre la direction et les supporters lors des crises, notamment sous Fred Rutten », précise De Waele. « Kompany a profité de ce travail réalisé avant son retour, même s’il y veille également. Quand les joueurs vont s’asseoir sur la pelouse de Genk, c’est un coup des communicants. Et incontestablement, cela porte ses fruits. » Mais jusqu’à quand cette union sacrée peut-elle tenir si le Sporting d’Anderlecht ne parvient pas à redresser la barre sur le plan comptable ? « Ce soutien peut durer » un petit temps, conclut Jean-Michel De Waele.

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